Depuis l’origine des temps, la grenade se réinvente. À chaque époque, elle a tenu une place de choix dans les civilisations, elle a symbolisé l’éternité et soulagé les populations de leurs maux.
La Perse comme berceau
Les scientifiques sont formels, la grenade naquit en Perse et y fut cultivée il y a plus de 5 000 ans. Elle y est omniprésente dans les textes pour ses bienfaits et sa symbolique. L’histoire raconte qu’elle occupait une place d’honneur dans les jardins suspendus de Babylone. La légende grecque rapporte que le roi Nabuchodonosor a fait construire ces jardins en souvenir des paysages la Médie, son pays natal voisin de la Perse. On retrouve la grenade sur les mosaïques Byzantines. À Qars el-Libia en Lybie, on peut admirer une représentation de la grenade sur une coupe de vie d’où jaillit un grenadier et des poules de Numidie. Dans les textes anciens, l’on dit d’une fiancée qu’elle est une grenade encore fermée.
La grenade et les pharaons
Les plus anciennes représentations de la grenade se trouve en Égypte et datent de 1500 ans avant notre ère. Symbole de fertilité, elle figure dans les tombes des pharaons et des officiels de leur cour mais aussi sur des vases d’argent et des peintures représentant des repas et des offrandes. De nombreux papyrus rapportent que sous le règne des pharaons, ce fruit perse était connu pour ses propriétés vermifuges. Le Shedeh ou vin de grenade, un vin doux au goût de framboise, une boisson consommée à l’époque, est encore bue de nos jours.
La grenade du roi Salomon
Dans la tradition juive, il est dit que la grenade a 613 pépins représentant les 613 commandements de la Thora. La grenade y symbolise la fertilité et la sagesse. La grenade figurait sur les sculptures du Temple du roi Salomon et le roi David avait fait pousser des jardins de grenade. De nos ours, l’image du fruit est toujours utilisée pour figurer le rimmonin (de l’Hébreux rimôn qui signifie « grenade ». Il s’agit de l’écrin en argent qui protège les rouleaux de la Thora. Pour Rosh ha-Shana, on offre toujours traditionnellement une grenade. C’est aussi le moment de l’année où les fleurs rouges de l’arbre deviennent des fruits gorgés de bienfaits.
La grenade et les grecs
L’histoire de la Grèce ancienne regorge de grenades. Dans l’Odyssée, Homère parle de grenades offertes à Ulysse. La médecine de l’époque y fait souvent référence Les traité médicaux recommandent l’utilisation du jus de grenade pour prévenir les fièvres, toutes sortes de décoctions pour guérir les femmes de leurs maux, éradiquer les parasites intestinaux. Au-delà de son utilisation en médecine, elle joue un rôle capital dans la mythologie grecque. La grenade symbolise la fertilité. Elle est dédiée à la déesse de l’amour et des plaisirs Aphrodite et à Héra la déesse du mariage légitime, épouse de l’infidèle Zeus.
Grenade ou pomme discorde ? Comment naissent les saisons…
Comment résister à l’envie de vous conter ici ce mythe à l’origine de la croyance sur la formation des saisons.
Corée, magnifique jeune fille, née de Zeus et Déméter avait été cachée par sa mère dans les bois de la plaine Enna en Sicile et confiée à la garde des Océanides. Un jour, Corée s’éloigne de ses protectrices pour aller cueillir une fleur merveilleuse. Son oncle Hadès, roi des enfers en profite pour l’enlever dans le but d’en faire son épouse. Zeus tout-puissant et Hélios dieu du soleil sont les seuls témoins du rapt. Déméter cherche sa fille en vain pendant neuf jours et neuf nuits puis déclare : « La terre sera affamée tant que je n’aurai pas retrouvé ma fille ». Une grande sécheresse s’abat alors et plus rien ne pousse. Hélios est contraint d’avouer la vérité. Zeus conseille alors à son frère de rendre la jeune fille avant que la terre entière soit affamée … Hermès veut bien se charger du message à condition que la jeune fille n’ait pas encore goûté la nourriture des morts. C’est alors le cas. Mais au moment où elle quitte les enfers, elle ne peut résister à la tentation et mange sept grains de grenade. Zeus décide alors que comme le mariage est consommé, Corée devenue Perséphone devra passer quatre mois de l’année dans les entrailles de la terre avec son mari Hadès et le reste du temps avec sa mère Déméter à la surface. De ce mythe naît, le cycle des saisons ainsi que celui de la perpétuelle résurrection.
Les Romains la baptisent
Le Romains découvrent la grenade lors des guerres puniques. Ils donnent ainsi une descendance carthaginoise à ce fruit méditerranéen et perse d’origine. On leur doit le nom latin du fruit : « Punica granatum L.» Punica vient de Arbor punica et Malum punicum qui signifient respectivement « arbre » et « pomme carthaginoise », granatum se traduit par beaucoup de graines. Chez les romains aussi on utilisait la grenade pour se débarrasser des parasites intestinaux et calmer les fièvres. On doit aussi aux Romains d’avoir apporter la grenade dans le bassin méditerranéen jusque dans notre Provence.
Au fil de l’histoire, la grenade s’est répandue de l’Asie à l’Europe du Sud et jusqu’à l’Amérique dans son ensemble. Partout, ce fruit miraculeux y est reconnu pour ses vertus et symbolise des principes positifs comme la sagesse, la fertilité, la jeunesse éternelle …
Aujourd’hui elle retient l’attention des chercheurs qui lui découvrent des qualités insoupçonnées.
Sources : Internet. Gaël Sitzia « la grenade une bombe de jeunesse » Eds France Loisirs